Boris Lesoir

Boris Lesoir

Un bar

Au bar de la non abstinence,l'absinthe coule à flot,les piliers de comptoir s'abreuvent le gosier,commentent les dernières brèves matinales,les informations locales et internationales des feuilles de choux,des torchons médiatiques,ça jase dans tous les coins,chacun y allant de son petit commentaire du moment.C'est une ruche,les mots fusent dans un brouhaha enfumé,les bribes de phrases volent dans cette atmosphère élastique,ça ri à gorge déployée,l'atmosphère se tend,se détend suivant l'état de sobriété,il arrive qu'il y ait quelques échauffourées,rien de très grave,dans ce bistro d'habitués,le patron veille au grain,comme un capitaine,il tient son troquet-bateau d'une main de maître.Parfois des noms d'oiseaux sont proférés,les conversations s'échauffent,des groupuscules se font, s'affrontent,par joutes verbales,puis se défont,les amis d'hier deviennent les ennemis d'aujourd'hui,suivant l'humeur,la tendance du moment, mais le boss fini toujours par réconcilier l'ensemble de ses ouailles,en offrant une tournée générale,ce qui met tout le monde d'accord.Tous les soirs,ça se termine de la même façon,le boss augmente le son,entre jazz,jerk,boogie-woogie,bossa,samba,ça danse,ça swing,entre et sur les tables,des couples se forment,l'alcool aidant,l'ambiance est festive,le public éclectique.Ce boui-boui(clandestin) se trouve dans l' impasse du pain-perdu,le temps qui passe ne se promène pas dans cette ruelle aboutissant dans un cul de sac( précision pour les alcoolos qui ne le savent pas toujours),il n'a pas le temps de se perdre dans ce trou du cul du monde,trop pressé,bousculé par la foule,affairée à courir après lui.Les poivrots se moquent bien du temps et des gens,ils boivent à la santé du vent,du soleil,des étoiles,ils sont protégés par des éléphants roses,par des petits hommes verts,par des fées ,descendantes de Bacchus.Leur dieu est une bouteille,qu'ils vident sans cesse,qu'ils renouvellent,un dieu liquide,voyageur,jaune,vert,blond,ambré,doux,amer,sec,sucré,fait de fruits, de baies,de grains,de céréales.Il fait tourner les têtes,réchauffe les coeurs, il noie les chagrins d'amour,il peut rendre bon ou mauvais,mais en fait ce n'est qu'un révélateur,qui puise dans notre intérieur.C'est un provocateur,ami ou ennemi,suivant ce qu'on en fait,nous laissant le libre arbitre,il n'est pas responsable de nos actes,par contre nous le sommes,responsables d'une grande partie de nos actions,quand elles n'ont d'impact que sur notre personne,ce n'est rien,mais quand elles viennent à déborder sur les autres,cela devient  plus délicat.Il y a ceux qui boivent de la vinasse,du gros rouge qui tâche,d'autre du jus de chaussette,certain vont jusqu'à boire de l'essence,pour se défoncer,j'en ai connu,il faut être loin! Il y a les buveurs mondains,ceux qui savourent,qui maitrisent,ceux qui sont comme des puits sans fond,des tonneaux percés,d'autres qui sifflent de bouteilles qui se vendent au prix de l'or.Comme disent les commerciaux,il y a l'offre et la demande,ça dépend des bourses,ça dépend des sous,ça dépend de vous. 



06/04/2013
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