Boris Lesoir

Boris Lesoir

Vapeurs

Dans un hammam ,je sue à grosses gouttes,perds quelques litres d'eau,quelques kilos temporairement éliminés;je passe d'une pièce à l'autre,en alternant:la chambre de vapeur vive,tout nu,puis revenant m'allonger dans un transat,dans la salle où c'est plus supportable.Bains glacés,

bains bouillants,petit passage par le sauna,puis une petite douche aux jets multiples m'arrose copieusement,de la tête aux pieds.Un plongeon dans la piscine,quelques longueurs;et retour pour un tour de "manège". C'est bon,que du bonheur pendant plusieurs heures;prélassement total,c'est le grand nettoyage du corps et de l'esprit.je termine le tout par un massage énergique,nettoyage au gant de crin,par un masseur expérimenté.Je sors de là,propre comme un sous neuf,bienheureux,

apaisé.Je marche le coeur allègre,la tête dans les nuages,je flotte et me laisse entrainer par mes pas,

sans but précis,ni direction déterminée.Je ne vois pas les passants pressés,n'entends plus le bruit des automobiles,les conducteurs klaxonnant nerveusement;les sirènes hurlantes des ambulances,toute cette agitation ,dans cette mégapole fourmillante.

Je finis par sortir de ma torpeur;ahuri,je m'aperçois que suis dans une forêt subtropicale luxuriante;un perroquet,un gris du Gabon,perché sur mon épaule,me souffle à l'oreille une comptine merveilleuse:une histoire qui parle d'un roi,non pas un lion ,mais un animal dont je ne connais pas le nom.Il est aussi grand qu'un éléphant,son corps est bleu,sa peau ressemble à un celle d'un lézard,sa tête à celle d'un hibou,avec des yeux perçants;il a sur le sommet du crâne,une corne majestueuse,toute sculptée d'arabesques.Il s'exprime dans une langue ancienne,qui m'est inconnue,mais tous les animaux de son royaume ,ainsi que les êtres humains la comprennent.

Il est adulé par son peuple,car il a dix milles ans;il est si sage que tous les habitants viennent le consulter quand il y a un quiproquo,une querelle entre eux.

Je finis par m'endormir avant la fin de ce conte pour adultes,sur un lit de fougères géantes,bercé par une multitude de chants,de cris,de grognement d' animaux.

Le lendemain,à mon réveil,je me retrouve au milieu d'un cercle de pygmées;les mains pleines d'offrandes,silencieux avec de petits yeux verts malicieux,ils m'observent;ils ont les cheveux bouclés et dorés,leurs corps sont peinturlurés de merveilleux dessins,à la Michel Ange.

Nous ne disons mot,je mange copieusement toutes sortes de fruits exotiques ,tous ayant des couleurs et des formes extraordinaires.Ils m'abreuvent d'un breuvage laiteux,au goût caramélisé.

Ils finissent par me toucher,palpent toutes les parties de mon corps,avec une infime délicatesse,comme des caresses.Je finis par faire de même,et nous rions aux éclats,par nos découvertes mutuelles.Après ces préliminaires de reconnaissance,ils m'emmènent vers leur village;d'étranges constructions apparaissent à ma vue,après de nombreuses heures de marche.

Ce sont des huttes aux formes pyramidales,mais ayant une base circulaire;elles sont très grandes et chacune d'elle, accueille une vingtaine de familles.Il y a trois huttes et une quatrième  centrale,

surdimensionnée,pouvant accueillir tous les habitants de ce village;c'est l'endroit où l'on mange,

cuisine,où toutes sortes d'artisanats sont pratiqués.Il y a de la poterie,de la vannerie,des métiers

à tisser,des tatoueurs,des charmeurs de serpents...Leurs  moyens de communication ne se font qu'en chantant et en riant;ils vivent ainsi depuis des millénaires,ils n'ont jamais été approchés par

aucune autre civilisation,je suis le premier étranger qu'ils rencontrent.J'ai appris leurs rites,leur langage,leurs façons de vivre.Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là;un an,dix?

Le temps ici n'est pas compté,pas de calendrier,pas de cadran solaire;ce que je sais c'est que jamais

je ne reviendrai.

 



29/01/2013
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