(2) Coq en pâte
Il est minuit,le voyant un peu paumé,un vieux Dakarois,barbe blanche,habillé tout de blanc,le prend par la main et le guide à travers la ville jusqu'à chez lui;il habite dans la Médina.
Sa famille les accueille comme de vrais seigneurs,lui est reçu comme un fils,un ami de longue date;
il est surpris par cette chaleur humaine,de la part de ces inconnus.La mama leur sert un mafé,qu'ils dévorent comme s'ils n'avaient plus mangé depuis des lustres!Après ce festin,toute la famille les entoure,prennent d'abord des nouvelles du vieux Jibril et de son voyage,milles questions fusent,
pendant que le thé se prépare.Ensuite c'est à son tour,de conter son fabuleux voyage,toute la famille est bouche bée,sidérée par cet étranger et son étrange parcours;ils s'exclament,poussent des "Ho" des "ha",les rires fusent,les regards pétillent,ils sont en admiration devant ce drôle de coco et finissent par se dire que ça doit être un genre de prophète,d'ange envoyé par Allah.
Au petit matin,Jibril ainsi que son nouvel ami vont se coucher,épuisés par le voyage et cette nuit de palabres.Les enfants partent pour l'école,fatigués mais heureux,ils ne cesseront pas de parler de l'étranger,toute la journée,entre eux mais aussi à leurs camarades de classe.Les jours s'écoulent comme des minutes;Jibril amène son hôte dans toute la ville,colorée et bruyante,les marchands ambulants sont nombreux sur les trottoirs,vendent de tout;les cars rapides jaune et bleu,tous décorés de multiples inscriptions religieuses de différentes confréries;mourides,Baye Fall,Tidjane...
Circulent par millier,les klaxons fusent,les taxis jaunes se mélangent aussi parmi la circulation incessante.Jibril présente son ami comme un saint homme à tous ces amis.Mais il est temps pour le voyageur de reprendre son envol,vers de nouvelles aventures,après maintes salutations,remerciements,le voilà parti.Il redevient goéland,s'envole vers Touba,la ville sainte du Sénégal,fief des Mourides,où une grande et merveilleuse Mosquée domine la ville;Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké ,le reçoit,prie pour lui et lui promulgue quelques judicieux conseils.
Il reprend sa pérégrination,direction l'océan,cape vers les îles du Siné Saloum,il survole de nombreuses villes:Thiès,Kaolack,Foundiougne,Diourbel,Saly...
Il ne s'arrête que pour manger;dans une dibiterie,où il se régale de chèvre grillé;une autre fois il savoure un thieboudienne.Il fini par arriver à Djiffer.(appelé ainsi car au temps de la colonie française,il y avait une usine de fer).
Il prend l'apparence d'un pélican,pêche quelques poissons;une fois repu,passe la nuit dans les mangroves.Au petit matin,se laisse guider par les courants et échoue sur une île du nom de Niodior.Il reprend une apparence humaine,se rend chez le chef du village,afin d'y trouver un gîte.
C'est une petite île,ses habitants sont de l'ethnie Sérère Niominka.Pas de voiture,comme moyen de transport essentiellement pour les marchandises,des charettes tirées par des chevaux ou des bourricots.Les femmes ramassent des coquillages appelés:pagnes pour améliorer leurs existences,faire rentrer quelques billets;pour les enfants,leurs tenues,quelques bijoux de pacotille.Les hommes sont pêcheurs,commerçants,et cultivent également du mil quand c'est la saison.Le temps y est en suspend,les journées sont rythmées par l' appel à la prière,par les conversations autour du thé,les repas ne varient guère,riz et poissons le midi et mil le soir,rarement de viande,sauf pour les événements religieux;comme la Tabaski,un mariage...
Quelques mois se sont écoulé depuis l'arrivé du nouveau venu;il se laisse bercer par la douceur de vivre de l'endroit,la gentillesse de ses insulaires.Il est bientôt prêt à repartir.
A suivre...
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