Boris Lesoir

Boris Lesoir

Marchand de tendresse

On l'appelle le marchand de tendresse,mais en fait il ne la vend pas;il la distribue gracieusement. Il se déplace en roulotte tirée par deux ânes,il sillonne les campagnes,de village en village,il fait retentir sa cloche,à son approche.Il lui suffit de toucher le front d'une furtive caresse, de ceux et celles qui le désirent,et les voici comblés,touchés par une grâce inexpliquée,une délivrance donnant naissance à une joie sans précédent.Il a une tenue moyenâgeuse,des chausses aux pieds,un pantalon bouffant,une grande cape et un chapeau à plume,extravagant.Son visage est buriné,tanné,il a un long nez droit,des yeux rieurs très foncés légèrement bridés.il porte deux gros anneaux en or à l'oreille gauche,il n'est pas beau,mais il a un charme fou.Grand et mince,il a de l'allure, dégage des senteurs boisées,musquées.Partout où il passe,il est adulé,adoré,reçu comme un roi.Il ne demande rien,mais reçoit tout;victuailles,gîte et couverts,avant son départ,il repart avec des fruits,des fromages de brebis,des morceaux de gibier fumé;il accepte les présents,les offrandes mais jamais de l'argent.Quand il arrive dans un nouveau village,le tam tam a déjà fonctionné,les petits enfants,par dizaines l'accueillent en courant,en chantant,en riant. Alors tout le village est en liesse,on y prépare un grand festin,un feu de joie;toute la nuit on danse ,on chante et on boit.C'est ripaille,ce jour là les enfants n'ont pas d'heure jusqu'à ce que le sommeil les appelle.C'est un jour de fécondité,beaucoup de bambins sont conçus dans les foyers.Il ne reste jamais plus de trois jours,car il désire semer le plus possible ses graines de tendresse.Alors il reprend son voyage,parcourant des milles et des cents,au gré de sa fantaisie,il se laisse guider par ses ânes et ce depuis la nuit des temps.



08/03/2013
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