Boris Lesoir

Brève matinale,trêve hormonale,j'ai mal,subite poussée de poils sur le genou gauche.Comme une éruption épidermique incontrôlée;véritable petit raz de marée,les pompiers sont débordés!Submergés!Une embarcation clandestine migre vers ce nouvel eldorado,à son bord,un nuage de puces faméliques.Elles m'attaquent de toutes parts,me grattent sans répit;suceuses de sang,allez vous en!J'appelle le dératiseur,un dompteur pour mettre ces petites bestioles en cage,dans un centre fermé;en attendant de statuer sur leur sort.Mais les défenseurs des animaux sont furieux,manifestent devants les grilles,me traite d'assassin,de sans coeur;les poux,les tiques et autres morpions sont de la partie;me supplient de faire don de mon sang.Je fuis en courant vers le coiffeur,afin d'éliminer définitivement cette nouvelle source d'ennuis;faites moi une épilation permanente,je vous prie!Je ne veux plus un poil,ni sur le caillou,ni sur le genou!Il compatit ,m'envoie chez une consoeur,esthéticienne;je souffre en silence,elle me traite à la cire,me traite de tous les noms,mais je tiens bon!J'ai dû lui faire don de quelques litres de sang,en échange de son silence.Je sort de chez elle,épuisé,le teint blafard,mais heureux,enfin débarrassé de ces poils néfastes,source d'ennui. Pour fêter ça,je vais acheter chez le perruquier,une superbe moumoute;la plus artificielle possible car il ne faut pas tenter le diable.Pour me remettre de mes émotions,je vais chez Janot,le bistrotier du coin m'enfiler quelques pastagas,histoire de reprendre des couleurs!Je repars,le coeur allègre,bien éméché,légèrement titubant.