Djouliatou
Elle s'appelle Djouliatou,elle a tous les atouts,elle a du sang nubien,peul et mandingue qui coule dans ses veines,c'est une princesse,une reine,une divinité africaine.Sa peau est caramel,elle est svelte,des articulations délicates,ses traits sont fins,un joli petit nez droit,des yeux de biche,presque jaunes comme un soleil couchant,une grande bouche aux lèvres pulpeuses,bien ourlées.Elle a deux petits seins comme deux poires à croquer,sa chevelure est une crinière,une brousse bouclée,dorée par le soleil et le sel marin,ce qui lui donne un air de lionne,féminité féline.Elle est élégante dans son boubou coloré,elle porte deux grandes créoles aux oreilles et un collier de coquillage autour du cou,elle est toujours nu-pieds,ne se maquille jamais,ne se parfume pas,elle n'en a pas besoin,sa peau à une senteur naturel d'abricot vahiné.Elle doit avoir une vingtaine d'année,elle vit seule avec son enfant,il a deux ans,c'est un garçon,elle lui a donné le non de Souleyman,lors de sa naissance,toute sa famille l'a abandonnée,car elle a commis le pêcher de faire l'amour avec un homme sans être marié.Elle s'est retrouvée à la rue,son enfant sur le dos,un balluchon à la main contenant trois fois rien.Elle a commencé par mendier,fouillant dans les poubelles pour trouver quelques restant de nourriture,dormant sous un porche,pour se laver,elle va dans l'océan avec son enfant.Elle n'a pas reçu beaucoup de culture,mais brille par son intelligence ,elle est maline,débrouillarde et fière;elle s'est confectionné un petit filet de pêche avec des morceaux trouvés ça et là; tous les matins elle ramène quelques poissons qu'elle fait griller pour elle et son fils,le restant,elle les vend dans du pain,accompagné de café,gagnant ainsi chaque jour de quoi subvenir à ses besoins quotidiens.Elle est heureuse malgré sa situation précaire,elle chante tout le temps des petits airs de chansons populaires,elle récite aussi des versets du coran entre ses dents,à peine perceptibles.Elle a une voix sirupeuse,comme une chanteuse de jazz,après plusieurs mois,elle a réussi un avoir un petit pécule,lui permettant de louer une petite chambre la mettant à l'abri de la nuit.Elle travaille de plus en plus,le matin vendant ses petits déjeuners dans la rue,elle confectionne des jus de fruits;du bissab,avec les fruits du baobab aussi,additionnés de sucre qu'elle vend l'après-midi pour désaltérer les passants.Le soir venu,elle confectionne des petits beignets salés à base de pois et de piment que des épiciers de son quartier revendent pour elle.Elle se trouve dans la vieille ville,la médina,son but n'est pas de devenir riche,mais elle désire que son fils puisse faire de bonnes études,qu'il puisse même accéder à l'université,c'est son rêve,sa revanche face à la vie, à la complexité de cette société qui l'a exclue.Elle croit en Allah et sa miséricorde,persuadée que c'est lui qui lui est venu en aide pour la sortir de sa misère.Elle sait qu'elle restera seule probablement le restant de sa vie,car dans cette société musulman,une fille-mère n'a quasi pas de chance de refaire sa vie,mais elle s'en moque,car elle a son fils,son rayon de soleil,celui qui lui permet de donner un sens à sa vie,sa faiblesse est devenue sa force.Djouliatou,je l'ai rencontrée dans les rues de Dakar,une femme parmi tant d'autres,comme elle,se battant,se démenant,travaillant du matin au soir,les yeux pleins d'espoir,fières et courageuses,ne pleurant jamais sur leurs sorts,telles des guerrières,des combattantes,que de leçons données par ces dames bien plus fortes que beaucoup d'hommes.
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