Boris Lesoir

Boulimique,la panse sur une brouette,un falstaff,un bouffeur de sanglier,de dinde farcie,les dents comme des lames de scie,il ne mâche pas,il broie.Il mange tout ce qui bouge,femmes,enfants,il aime la chair fraîche,saignante,à peine cuite ou même crue,c'est un sanguinaire mais il ne tue que pour manger; le problème c'est son appétit gargantuesque.

Il a dû changer plusieurs fois de village,ayant dévoré tous ses congénères,n' épargnant que les vieux,viande bien trop dure, bien trop sèche à son goût! Il a écumé bien des campagnes,lassé de devoir sans cesse changer de bled,il a fini par opter pour une ville,afin de pouvoir assouvir sa faim sans fin.

Il a choisi avec soin une ville au bord de la mer,pas trop polluée,afin d'avoir une viande de qualité car il est raffiné,mais aussi il aime les gens qui mangent du poisson régulièrement,ça donne une saveur particulière à la chair de ces bipèdes.

Il est charmant,affable,bien trop aimable,il aime ses prochains à sa façon,dans son assiette,tous ses voisins sont unanimes,c'est un gentil monsieur,il va faire ses emplettes en dehors de son quartier,histoire de rester discret.

Il a un ami végétarien,le seul qu'il aie,bien trop maigre pour le manger,avec qui il joue aux échecs tous les mardis soirs,ils font des parties interminables,étant tous deux de force égale; ce jour là ,il dit que c'est son jour de diet,pas de chair humaine ,par respect pour son ami.

Le lendemain matin affamé,au bord de l'évanouissement,il se précipite sur le premier venu,ce jour là c'est Byzance,jour d'opulence,mercredi,sortie d'école à midi,où il cueille quelques petits enfants tendres et fondants,qu'il pêche avec des appâts en forme de babelutte,de nougat et chocolat qu'il confectionne lui-même.C'est son jour favori,son dimanche à lui,comme les indiens,il remercie mère-nature pour cette nourriture divine.