Boris Lesoir

Boris Lesoir

La guerre des mots

Le silence a toujours été étouffé par le bruit,ce grossier merle,pernicieux,   malicieux,assourdissant ou bien à peine perceptible,ne laissant pas de répit à dame silence,qui en est devenue insomniaque.Elle s'isole comme elle le peut,dans un sarcophage,dans un caisson d'isolation,elle cherche le sommeil parmi les morts,au fond des océans,dans des déserts sahéliens.Parfois,elle se couche dans mon lit,me raconte son calvaire,je la console comme je peux,lui chante une berceuse,lui raconte des comptines,elle ne s'endort jamais vraiment,mais elle fini par se détendre,elle s'assoupit légèrement. Il y a aussi la timidité,une demoiselle fragile,qui rougi pour un oui pour un non,qui se fait malmener par un personnage extraverti,sûr de lui,une grande gueule,fier comme Artaban,un gars qui n'a de cesse de rabaisser les autres,on le dit,hardi ,téméraire,orgueilleux.C'est un personnage cynique,outrecuidant,un méchant bougre,un déluré sans scrupule,un fripon.La timidité se réfugie dans le mutisme,se cache dans une chambre noire,elle n'ose pas se regarder dans un miroir,elle a peur des autres,mais surtout d'elle-même,elle fond en larmes tout le temps,les yeux rougis,tuméfiés,l'esprit troublé.Il y a monsieur l'absolu,un grand rêveur,perpétuellement en quête de découvertes,il veut ce qu'il y a de mieux,il cherche l'impossible,c'est un aventurier,un éternel insatisfait,il a déjà goûté à tout,touché à tout,il voudrait une femme qui soit blonde,brune,rousse, avec des yeux verts,noisettes,gris,bleus en même temps.Il voudrais un climat africain en Europe,une mer des caraïbes au pôle nord,un chien à tête de chat,un curé noir en Russie,c'est un monsieur bien compliqué.Il y a un sage,qui se prénomme:Bonheur,c'est un petit bonhomme tranquille ,qui ne paye pas de mine,il ne cherche pas à épater la galerie,il est de condition modeste,il se contente de peu,un rien le rend heureux;voir un oiseau chanter,contempler un soleil couchant,voir un champ de coquelicots,ramasser des mûres sauvages dans une forêt.Lui,contrairement à l'absolu est satisfait ,il chante à tue-tête,un sourire permanent sur le coin des lèvres,certaines personnes qui le croisent,le prennent pour un fou,un simple d'esprit,mais il ne voit pas les regards méprisants des passants honnêtes.Quand il dort,c'est sur ses deux oreilles,du sommeil du juste,à poings fermés,comme un bébé.Parfois il m'arrive de le rencontrer,alors il me prend par la main,et je le suis bien volontiers,j'essaye de le garder auprès de moi,car il m'inonde de joie,il me communique ses petits secrets,illumine ma voie;mais il a beaucoup de boulot,car bien des gens sont en peine,ne savent pas le préserver,l'entretenir,il pensent qu'il suffit de le croiser pour le garder.Il ne s'imaginent pas qu'il est comme une fleur,une plante,un arbre,qu'il faut l'arroser,le nourrir avec amour.Les mots peuvent être doux,comme des caresses,nous enivrer un soir d'été,flotter,raisonner dans nos pensées,nous élever vers des cieux célestes.Mais ils peuvent être destructeurs,assoiffés de sang,de méchancetés,blessant,nous emmenant vers des gorges dangereuses,avoir des relents sulfureux,diaboliques.Ils peuvent être des bâtons de guerre,ou bien de paix,c'est à nous à apprendre à les dompter,à les maitriser,à peser leurs poids avant de les utiliser à bon escient.Les mots se bousculent,ils veulent tous sortir de nos bouches,ce sont des enfants qu'il faut éduquer,sous peine de perdre le contrôle de nos pensées,de se laisser manipuler par ces garnements qui ne connaissent pas la répercussion de leurs actes,ce que ça peut engendrer,une fois libérés.



30/03/2013
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