Boris Lesoir

Un goût d'orage,d'orange,un sirop pour une quinte de toux,tu bois ce breuvage sulfureux,lumineux comme tes yeux.

Tes cheveux font office de paratonnerre,tu braves la foudre, te joues des éclairs,tu danses tout nu,en transe sur cette lande désertique,tu sautes d'une montagne sur une autre.

Sur la lagune,tu te moques de la lune,tu fais des ricochets avec les étoiles,tu as vendu ton âme,perdu la foi,mangé du rat.Pour pimenter ta vie,tu as joué à la roulette russe avec des chinois,des gaulois,fumé des pipes d'opium pour le peuple en Afghanistan.

Tu as été marchand d'esclaves en Somalie,trafiquant d'arme dans le golf persique,escroc aussi,tu as vendu maintes fois la tour Eiffel,la statue de la liberté,le mont Sinaï à des juifs,des russes,des saoudiens.

Tu as plusieurs cordes à ton arc, mais tes ennemis sont légions,ils voudraient bien te mettre la corde au cou,en finir avec toi.Une horde te pourchasse,les friqués arnaqués sont mécontents,grugés par tes soins,tu fais la nique aux bourgeois,tu te moque d'eux comme de l'an quarante;tu aimes cette vie à bâton rompu,que t'importe de te rompre le cou.

La terre est pour toi une pleine de jeu,tu en connais tous les recoins,tu trinques à la santé des curés défroqués,des rois décapités;les clodos,les lépreux et tous les laissés pour compte t'adulent,car tu manges à la même gamelle qu'eux,partage ce que tu possèdes avec les miséreux.

Tu es un ogre dévorant la vie à pleines dents,pour toi il n'y a pas de demi- mesure,pas de compromis,tu aimes ou tu détestes, tu es juste ou totalement injuste aux yeux de certains,suivant le regard de ceux qui t'adorent ou te détestent copieusement.

Mais tu t'en moques,ta lutte est anticonformiste,anticapitaliste,la morale à deux balles,la justice à deux vitesses t'insupporte,tu as choisi ton camp,celui des rebelles,des révoltés.