Boris Lesoir

Sudation atmosphérique,téléphérique périphérique,routine journalière pour une rouquine,une coquine parfumée à la cannelle.Un chenal en aval,un chalutier rentre au port,port d'arme ou port d'attache,le portier veille au grain.La pêche a été bonne,les soutes regorgent de volailles,la corne de brume annonce la nouvelle.Sur les quais,le comité d'accueil est aux aguets,un orchestre joue des airs de marins aux odeurs salines,des notes en forme d'ancre tourbillonnent.Les femmes des pêcheurs dansent une ronde lointaine,héritée des ancêtres,tradition du siècle passé.Les petits enfants,affamés,bavent,la fourchette à la main;les vieux balbutient quelques paroles incohérentes,crachent leurs dernières dents.Sur les berges, les moutons des prés salés,bêlent à tue tête,regardent passer le chalut comme les vaches regardent passer le train.Les mouettes rieuses se moquent d'eux,les taquinant gentiment,pendant que la marée galope sur un cheval blanc d'écume.Dans les campagnes,les paysans plantent des moulins à vent,à prière,des arbres à palabre.Les sorcières attisent le feu,les potions magiques bouillonnent,des effluves se répandent faisant fuir l'esprit malin,le frappant en plein vol.Dans un champ,une réunion d'épouvantails font ripaille,se soulent avec du mauvais vin,ils ont grise mine.Un joueur de cornemuse,imite le chant d'un merle,d'une grive ou bien du vent:quand il est mélancolique,une fermière le console,lui donne le sein,le berce tendrement.Un hérisson joue à la balle  pelote,avec quelques potes;une souris verte,un chat de gouttière,un corbeau et des gamins du voisinage.Quand il pleut des cordes,des hallebardes,des anglais en promenade,des oursins;même les grenouilles se cachent  dans l'étable et en profitent pour faire un brin de causette avec les animaux de la ferme.Tandis qu'en ville,la populace se presse,s'entasse et sans sous-tasse,dans des tramways,des trolleybus,c'est la grande sudation atmosphérique collective,un bain de foule et de moiteur.