Boris Lesoir

Boris Lesoir

Un petit bonhomme

Assis dans une bulle de savon un petit bonhomme gesticulant en tous sens, au péril de sa vie,inconscient du danger de l'implosion de son cocon protecteur face à ce monde destructeur.

Car dans cet univers les cannibales,les réducteurs de tête, les anthropomorphes sévissaient de façon méticuleuse.

Pas un recoin n'était oublié, les femmes enceintes étaient fouillées de fond en comble, les voitures mises au pas, pour laisser courir plus vite les voleurs de pommes.

Des chenapans dévergondés copulaient avec des oies sauvages pendant que les petites filles savouraient de succulentes cerises, grosses comme des pommes.(malgré la mise en garde du fruit défendu)

Plus loin dans un jardin babylonien avec des influences baroques, un paon jouait d'une certaine flûte non pas de pan mais traversière;   une mélodie de traverse aux accents mélancoliques,se répercutait dans toute la vallée des sept pêchés capitaux.(pour ceux qui ne le savent pas,il s'agit de sept plats servis aux rois mages)  

Un chien en costume vert criard cherchait désespérément son maître ayant fui sa niche;caché dans les fourrés ,il battait de la queue,heureux de sa liberté retrouvée.              

Des alsaciens chassaient les montagnes trop peu enneigées, des esquimaux se faisaient dévorés par des ours polaires affamés par la fonte des glaces.

Sous d'autres cieux plus cléments, un petit groupe d'humains,genre rockeurs gloutons,s'en mettaient plein la panse;avec comme signe distinctif,un tatouage gravé dans leurs peaux: Ripaille!

Des surfeurs hollywoodiens,avaient rangés leurs planches au placard ,marre des vagues,des requins de la finance omniprésents,sur les côtes ouest d'un certain Far West .

Rockefeller s'empiffrait d'hamburgers,sous le regard envieux d'une meute d'enfants faméliques, qu'il tenait à distance à coups de pied nerveux.

C'était le temps des migrations,on pouvait voir les chevaux s'envoler vers d'autres contrés,les gyrophares quitter les camionnettes, des véhicules prioritaires devenant désemparés; les avions suivaient les oiseaux migrateurs en particulier les flamands roses qu'ils vénéraient.

Le temps des moissons aussi; les femmes dans les champs récoltaient les boîtes de conserves; les hommes les bouteilles de vin.Les enfants s'occupaient des jouets.

Tous les soirs c'était la fête au village sans prétention;seul l'homme de mauvaise réputation n'y participait pas.Les adolescents s'adonnaient à leurs passions diverses; cocaïne ,héroïne,jeux vidéos,films pornos,pilules variées,concoctées avec amour par grand-mère.les adultes plus sages,partouzaient, forniquaient dans tous les coins ,sur toutes les tables;entre les alcoolatures ,les mets fumant, les rôtis heureux d'être oubliés.

L'hiver s'installa jetant l'automne d'un coup de pied nonchalant;alors toutes les créatures n'ayant pas migré, furent plongées dans un sommeil profond ,c'était la grande hibernation des non-migrants.

Le petit bonhomme chétif s'endormit d'un profond sommeil,bercé par le ressac de sa bulle.

                                                                                                                         

 

 



20/12/2012
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