Boris Lesoir

Boris Lesoir

Vie de famille à la campagne

Dans le dédale carminatif se faufilait un estomac petomane,dégageant des vents odorants parfumés au gingembre et à la menthe poivrée.Assise sous un cerisier une poule de bassecour,ou bien de luxe caquetait toute seule,elle avait perdu la boule,un boa de plumes roses entourait son cou,une paire de boucles d'oreille ornait les oreilles qu'elle n'avait pas,un lapin de garenne ,lui avait prêté les  siennes.Un enfant sauvage élevé par un canard boiteux,faisait coin coin,pataugeant dans une marre sur laquelle des grenouilles se livraient à un combat naval avec des  tritons(urodèles alpestres),montées sur des foulques et des grêbes huppés,un peu bourgeoises mais serviables.Loin de cette bataille tumultueuse,un âne ronflait à poings fermés,allongé sur une meule de foin,sous le regard attendri d'un vieux chien gris.Un héron cendré se pavanais sur le dos d'une truie portant un casque à pointe et de jolis souliers vernis.Un chat ,une musaraigne étrusque et un belette se tapaient une belote à l'ombre d'un palétuvier,tout en sirotant des sirops d'orgeat,agrémentés d'un alcool de grain que confectionnais un dindon dans un alambic clandestin.Dans le champ un homme attaché à une charrue évoluais péniblement sous les coups de fouet d'un grand étalon noir qui supervisait le bon déroulement des opérations.Les petits enfants de la fermière étaient quant à eux dans l'étable,dans leurs enclos respectifs,car ils ne s'entendaient pas entre eux,ruminant dans leurs auges du fourrage enrichi à la confiture de myrtille.La fermière quant à elle avait sa propre écurie,qui lui servait de logement.Le corps de logis était réservé aux propriétaires des lieux,un charmant couple composé d'un ours brun ayant fui la ville et d'une guenon échappée d'un zoo. Auparavant l'ours était gérant d'une blanchisserie,dans une mégapole noire,mais ne supportant plus la chaleur et ses clientes exigeantes,il avait aménagé ici,dans cette belle campagne ,loin du tohu- bohu,de la valse incessante des automobiles,des crocodiles,des requins de la finance.Il avait rencontré sa belle sur une bretelle d'autoroute,faisant du stop,fagotée dans une robe à carreaux rouges et blancs,une perruque blonde et une paire de lunettes solaires pour passée inaperçue.Il avait cru d'abord en la voyant qu'elle était une écolière perdue,abandonnée par ses parents sur le bas côté,comme font souvent les parents avec leurs enfants quand ils partent en vacances! Il fut ravi quand elle enleva sa postiche,ses lunettes,tout d'abord de rencontrer la guenon de sa vie,mais aussi il avait craint de devoir amener l'écolière au refuge pour les gamins abandonnés,sachant que beaucoup d'entre eux finissaient par être euthanasiés,faute de trouver suffisamment de nouveaux maîtres pour les adopter.C'est ainsi qu'ils partirent guillerets,vers leur nouvelle demeure,la radio gueulait des airs de jazz ,ils lui dirent de baisser d'un ton car ils ne s'entendaient plus parler.Il l'appelait baby,et elle mi amor,ils ne s'étaient plus jamais quittés; mais  bien qu'ils étaient heureux,ensemble depuis des années il y avait un petit bémol.De part sa détention prolongée au zoo,elle était devenue stérile,alors ils décidèrent,après avoir consulté bien des spécialistes,et ne voulant pas recourir à cette méthode qu'ils estimaient barbare,à savoir l'insémination artificielle,d'adopter un éléphanteau et une gazelle.Depuis lors,ils vivaient heureux,dans leur ferme familiale.



22/03/2013
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